Ressources sur le développement rural en Egypte

 
Sommaire

I. Situation actuelle de l’administration locale en Egypte

II. L’Egypte rurale

III. Accéder aux ressources sur le développement rural en Egypte

 

L’Egypte est un pays très peuplé qui souffre de pénurie de sol arables et de rareté des ressources en eau. Sa population s’élevait à 11,2 millions environ en 1907 mais elle atteignait 59,3 millions au recensement de 1996, sans compter les Egyptiens à l’étranger, et à peu près 65 millions à la fin du 20ème siècle. L’estimation de la population égyptienne en janvier 2006 s’élevait à 73,7 millions d’habitants y compris à peu près 2,3 millions vivant à l’étranger. Cela signifie que le taux de croissance de la population s’est élevé à 660% environ au cours du dernier siècle. Cette croissance a eu lieu en dépit du fait que le taux de croissance soit tombé de 2,75% durant la période entre 1976-1986 à 1,9% entre 1986 et 2006 (Journal Al-Ahram, 2006). Le taux de croissance de la population s’élevait à 2,3% environ dans les zones rurales par rapport à seulement 1,8% dans les zones urbaines entre 1986 et 1996 (INP:2001). L’Egypte a une superficie totale d’à peu près 1. 002.000 km2, dont seulement à peu près 36.000 km2, i.e., 3,6% de la superficie totale, sont habités.


I. Situation actuelle de l’administration locale en Egypte

La loi égyptienne identifie trois principaux niveaux d’unités locales: le gouvernorat, le markaz (district) et la ville, et les villages; chacun d’eux a sa propre identité légale mais ils ne sont pas nécessairement autonomes. Le gouvernorat et le markaz sont considérés comme des unités globales qui incluraient soit seulement les communautés urbaines soit les communautés rurales et urbaines. Les gouvernorats sont au nombre de 27, comprenant le haut conseil de la ville de Louxor auquel on donna plus tard un statut équivalent à celui de gouvernorat. Il y a 179 markaz au niveau national. Les villes sont de plus petites unités dans les zones urbaines, et leur nombre total s’élève à 212 (dont 179 sont des capitales de markaz). Seules les grandes villes sont davantage divisées en ‘hay" (districts urbains).
Les zones rurales sont divisées en "unités de villages locales" où chacune est composée de plusieurs villages, quatre en moyenne. De ces villages, celui qui a le siège de l’administration locale et le conseil populaire de l’unité de village locale est appelé le village-mère, donnant son nom à toute l’unité, tandis que les autres sont appelés villages satellites. Chaque unité de village locale a son identité locale et son propre conseil élu représentant tout le groupe de villages, tandis que chaque village séparé n’a pas de représentation politique. Le nombre total de villages est de 4800. Chaque village inclut plusieurs plus petites unités qui sont appelées "ezba" kafr ou nag’a. Tous les niveaux des différentes dimensions des établissements ruraux représentent plus de 26800 unités.


II. L’Egypte rurale

La population rurale en Egypte représente à peu près 57,6% de la population totale selon le dernier recensement de 1996 (CAPMAS:2001). Cette population habite 1060 unités rurales locales qui comprennent à peu près 4800 villages et plus de 22000 satellites dans tout le pays (ORDEV:1995). La main-d’œuvre agricole estimée à 4,7 millions environ dans le recensement de 1996 cultive à peu près 5,9 millions de feddans dans les anciennes terres (selon une estimation en 1995) et à peu près 3,16 millions de feddans dans les terres bonifiées durant la période de 1952 à 2000 (CAPMAS: 2001). Nous devons tenir compte de la perte annuelle de plusieurs milliers de feddans dans les anciennes terres convertis pour la construction de logements qui remplacent l’utilisation agricole, vu la nécessité de satisfaire les besoins en logement de la population intensivement croissante dans la vallée et le delta. Ainsi donc, l’expansion des terres bonifiées a une double fonction. Elle fournit à la population croissante l’abri, les aliments, les matières premières et de nouvelles chances d’emploi, tout en allégeant la pression sur les terres arables et les ressources en eau peu abondantes.
Par conséquent, l’Egypte rurale est caractérisée à présent par l’existence de deux types de communautés rurales. Le premier est constitué par les villages traditionnels, qu’on qualifie le plus souvent d’anciens, le deuxième est connu sous le nom de nouveaux établissements ruraux. Le premier type de communautés rurales a été établi il y a plusieurs centenaires ou millénaires et s’étend à travers la vallée, le delta et les frontières. Le second type de communautés rurales a émergé il y a juste quelques décennies et s’étend à travers les zones bonifiées tant dans le désert que dans les zones de lacs asséchés dans tout le pays. Il n’en demeure pas moins que la structure sociale et toute la vie sociale diffèrent spectaculairement dans ces nouvelles communautés rurales de la structure et la vie dans les communautés rurales de type traditionnel, bien qu’elles tendent à se développer plus rapidement vers le type traditionnel ou une forme différente, selon les caractéristiques et l’origine de la population.
Les caractéristiques de la population dans la communauté rurale tendent à différer entre les anciennes et les nouvelles terres, en particulier au début des nouveaux établissements ruraux. Dans les nouvelles terres, la population tend à être plus jeune, plus instruite et n’a pas de liens familiaux et des structures de classes comme ceux qui existent habituellement dans les communautés traditionnelles. La structure sociale est la plupart du temps n’est pas totalement formée et a besoin de plus d’efforts pour se développer dans ces communautés. L’infrastructure physique tend à être plus appropriée que celle qui se trouve dans les sociétés traditionnelles. Les aspects de l’infrastructure fournie dans les terres bonifiées pour les besoins de la production et de la communauté sont nombreux. Le gouvernement d’Egypte fournit l’infrastructure de base gratuitement pour toutes les terres nouvellement bonifiées. Cela inclut les canaux d’eau principaux, les routes principales et d’accès, le réseau électrique, l’eau potable, les services médicaux de base, l’enseignement, les communications et un poste de police pour la sécurité. Une coopérative locale est formée dans chaque village par tous les bénéficiaires et s’occupe des aspects de la production de même que de l’opération et de l’entretien de l’infrastructure dans chaque village.
Les terres bonifiées, où ces nouvelles communautés rurales sont situées, se trouvent surtout dans le désert, sur les lacs asséchés ou sur certaines terres arides adjacentes à des zones inhabitées dans la vallée et sur les berges du Nil. Les terres bonifiées sont classifiées maintenant en nouvelles et anciennes. Ainsi donc, il y a de nouvelles anciennes communautés rurales, et d’autres nouvelles. Cette classification dépend de la période depuis le commencement du projet de bonification. Les communautés instaurées jusqu’aux années 70 du siècle dernier sont considérées être les anciennes nouvelles tandis que celles qui se sont constituées plus tard sont appelées les nouvelles nouvelles terres bonifiées. Cependant, l’expérience et les technologies nécessaires pour cultiver ces terres diffèrent beaucoup de celles nécessaires dans les anciennes terres des zones rurales traditionnelles. Jusqu’à présent, la majorité des sols bonifiés sont situés en Basse Egypte où l’évaporation de l’eau et le climat convient mieux à l’agriculture. La politique actuelle de la bonification des terres met en général l’accent sur la distribution plus régulière des projets de bonification des terres dans toutes les régions de l’Egypte. Cela vise à la création de nouvelles communautés pour une redistribution géographique plus équitable de la population et à fournir à chaque gouvernorat un arrière-plan de nouvelles terres pour l’expansion de logements, de production agricole et de chances d’emploi. C’est pour cette raison que deux nouveaux énormes projets de bonification des terres ont été parallèlement initiés au cours de la dernière décade. Le premier, appelé Projet national pour le développement du Sinaï (1994-2017), est encore en cours d’exécution. En tant que projet à ressources et activités multiples, il dépend, pour sa composante agricole, sur l’eau du Nil à travers le canal al-Salam pour irriguer 620.000 feddans à l’Est de l’ouest du canal de Suez. Le second projet est appelé Toshki et est situé en Haute Egypte couvrant à peu près 477.000 feddans dans sa première phase, dont 180.000 feddans exigent l’élévation à double phase de l’eau.
Plus de quatre cents nouvelles communautés rurales ont été établies englobant près de 94.000 familles de bénéficiaires, sur à peu près 116 projets de bonification dans tous le pays. En outre, 112 anciennes communautés actuelles avec à peu près 32.000 familles dont les moyens d’existence dépendent des activités agricoles font actuellement l’objet du développement dans les zones de culture pluviale du Sinaï et les zones côtières du Nord-Ouest. La population totale de ces nouvelles communautés rurales est estimée à 0,7 millions d’habitants environ, cultivant à peu près 557.000 feddans de terres bonifiées, outre les zones développées de culture pluviale. Le solde des terres bonifiées, i.e., 850.000 feddans, est soit géré par le secteur privé soit par des investisseurs individuels formant de petites communautés rurales dispersées. Par conséquent, la population totale engagée dans la culture des terres bonifiées est estimée supérieure à 1,5 millions d’habitants (Albendary:2002).
Avant le milieu des années 90 du siècle dernier, la plupart des projets de bonification des terres ont été planifiés, et mis en œuvre par l’Organisme général pour les projets de reconstruction et de développement agricole (GARPAD). C’est l’agence du ministère de l’Agriculture et de la bonification des terres en charge de la coordination de toutes les activités des projets de bonification. GARPAD travaille en étroite collaboration avec les autres ministères et agences engagés dans le bien-être de ceux qui reçoivent les terres bonifiées, comme le ministère des Affaires sociales, le ministère du logement et le ministère du commerce intérieur. Le ministère des ressources en eau et de l’irrigation est aussi engagé dans la planification de ces projets, et conçoit les niveaux primaires du système d’irrigation.
L’établissement des nouvelles communautés se fait habituellement en trois étapes: la construction de l’infrastructure, la bonification et/ou la plantation des terres et le développement et l’intégration sociale de la population dans les nouvelles communautés.
Les sociétés du secteur public mettent généralement en œuvre la première phase. On leur alloue habituellement des superficies spécifiques de terre et un budget pour les relevés topographiques et les cartographies nécessaires, la construction des routes et des réseaux électriques, des canaux d’eau pour l’irrigation, des réseaux d’eau potable et des logements. Aucun secteur privé n’a déployé des efforts pour s’impliquer dans ces activités. Cette phase est très coûteuse et n’a pas de rentabilité rapide. Les investisseurs préfèrent être impliqués dans la seconde phase qui est directement liée au développement du secteur agricole dans la région. Ils ne tendent même pas à construire des communautés à moins que ce ne soit pour une raison commerciale telle que l’établissement de communautés de logement pour touristes.
Généralement, un village est planifié pour être habité par 300 à 400 familles qui reçoivent chacune une exploitation agricole de cinq feddans. Chaque groupe de 4 à 6 villages est desservi par un village central où les principaux services administratifs et sociaux et les activités économiques sont à la disponibilité de la population de la collectivité de villages. Dans les terres bonifiées à la fin des années 40, chaque agronome diplômé de l’université recevait 40 feddans tandis que les diplômés des écoles techniques agricoles supérieures recevaient 20 à 30 feddans chacun. La superficiie déclina variant de 13 à 25 feddans et ce vers à la moitié des années 60, et devint 5 feddans pour les diplômés, qu’ils soient promus de l’université ou des écoles supérieures, et même récemment les petits agriculteurs.
La sélection de nouveaux colons suit des critères spécifiques. Les critères communs de la sélection est que le candidat ne doit pas avoir d’emploi public ni un autre travail, ne doit pas posséder de terres, doit accepter une préformation agricole et commencer à vivre de façon permanente dans la zone rurale dès qu’il reçoit une maison de 2 pièces et une petite cour bâties sur une superficie d’à peu près 200 à 250m2. On leur donne la terre, la maison, parfois une tête de ruminant, vache ou bufflesse, et une subvention financière d’un an pour les dépenses nécessaires à la vie et trois ans d’aide alimentaire dès leur arrivée au village. Il ou elle paie la valeur de la terre et de la maison par des versements sur 30 à 40 ans après une période de grâce de 3 à 5 ans.
L’irrigation dans la plupart des nouvelles terres est restreinte aux nouvelles techniques d’irrigation, le goutte à goutte ou l’aspersion, tandis que l’irrigation de surface par submersion n’est autorisée que dans certaines zones pour des raisons physiques et ce dans les zones d’argile lourde. Dans la dernière situation, le lessivage est le principal procédé de bonification qui a besoin d’eaux abondantes comme c’est le cas dans les sols secs et salins.
La principale tâche des colons devient l’agriculture. La plupart du temps, les activités économiques sont limitées à la production et à la commercialisation des produits agricoles, en particulier durant les deux premières décennies de la vie de la communauté.
La structure sociale de la communauté rurale dans les nouvelles terres est caractérisée par les principaux aspects suivants :

L’homogénéité du statut socioéconomique de base des colons dans la communauté. Le plus souvent, on a longtemps distribué les colons dans les établissements sur la base de leur diplôme éducationnel, installant les diplômés dans un village et les petits agriculteurs dans un autre. De nouvelles catégories ont été ajoutées aux nouveaux occupants comme les agriculteurs qui ont perdu leurs terres de location du fait de l’entière application de la nouvelle loi de 1997 sur le fermage. En exception de la règle des cinq feddans pour chaque famille, on a alloué à cette catégorie 2,5 feddans seulement. Ils sont incorporés dans les nouveaux villages habités par les petits agriculteurs. Dans quelques nouvelles zones d’expérimentation, des établissements mixtes de diplômés et de petits agriculteurs ont été établis pour examiner la viabilité de cette conception. Les évaluations précoces indiquent de meilleurs résultats dans les formules mixtes sur les plans agricole et technique. Vu que le développement agricole est considéré comme le pivot du développement socioéconomique dans ces zones l’expérience est plus appréciée. Cependant, une tendance relativement récente a été adoptée par les agences étatiques: l’allocation de grandes superficies de terres aux exploitations agricoles industrielles qui appliquent des technologies modernes parfois à cadres extrêmement sophistiqués. De nos jours, une grande variété de ces grandes exploitations industrielles modernes s’étend dans toutes les terres nouvellement bonifiées en Basse et Haute Egypte et dans le désert égyptien.

La structure d’âge de la population dans ces communautés est très étroite. Il faudra deux ou trois générations pour arriver à une structure normale.

Les variations socioéconomiques entre les nouveaux occupants sont aussi étroites. Ils commencent tous à presque la même position socioéconomique avec une variation très limitée, à l’exception de ceux qui sont soutenus par leurs familles d’origine ou quelques actifs qu’ils ont gagnés avant de venir dans les nouvelles terres, mais ce cas est rare.

Les structures du pouvoir dans les nouvelles communautés sont inexistantes la plupart du temps et sévèrement influencées par l’intervention des autorités locales. Il y a un grand vide de pouvoir en particulier aux stades précoces de l’établissement de nouvelles communautés rurales.

Il y a un manque de structure sociale intégrée dans la plupart des zones et il faudra plus de temps que prévu pour atteindre le stade de communauté intégrée. I l y a toujours un besoin pour l’établissement de structures organisationnelles plus effectives et plus efficaces dans les communautés rurales dans les nouvelles terres. Cela s’est avéré être une situation commune de première priorité presque partout dans les nouvelles zones.

 

 

III. Accéder aux ressources sur le développement rural en Egypte